Etre en alignement avec soi, cette sensation n’a pas de prix.

Ce dimanche midi, j’étais chez mes parents et je faisais cuire pour la première fois des pizzas « napolitaines ». C’était une nouvelle recette que j’avais soigneusement étudiée ( pour une fermentation longue et j’ai un pote napolitain) et j’avais mis la pâte à pousser depuis la veille.
La pizza était encore dans le four, gonflant sans soucis quand mon père m’a soudainement dit qu’à l’avenir , « on pourrait en acheter à XX ( grande enseigne) où il devait surement se vendre des pâtes à pizza toutes faites surement pas mal », puis quand on est passés à table, il m’a assené que la pâte était élastique ( ce qui n’était objectivement pas le cas) ou que c’était trop salé parce qu’il y avait trop de fromage, etc.
Tandis qu’il grommelait et radotait sur le sujet, je réalisai que c’était une fois de plus un de ces conditionnements co-dépendants, qui ont façonné toute mon enfance, qui se jouait de nouveau. Un film bien connu.

Typiquement, quand je ne fais pas comme ou ce que mon père voudrait et il ne cesse de grinchonner juste pour avoir raison. Plus d’une fois, il m’a dit que ce que j’entreprenais ne servirait à rien ( reconversion professionnelle, artistique, voyages…)
Il a 85 ans maintenant et il peut s’avérer plus enquiquinant , radotant un peu comme certains petits vieux enfantins. Je sais qu’il a peur mais qu’une fois qu’il voit que cela marche, il n’y pense plus. Ne pas essayer car cela n’en vaut pas la peine est un de ces schémas co-dépendants qui m’ont pourri la vie sans que je ne m’en rende compte tout de suite ; j’avais bien d’autres schémas co-dépendants à éliminer avant.
J’ai grandi dans une famille codépendante où je ne recevais ni encouragement ni compliments. C’était plutôt honte et culpabilité. (Depuis CoDA, j’ai réalisé que l’absence de blâme était en fait le code culturel qui servait de compliment dans ma culture familiale). L’addiction y était au travail et à l’information, et un peu au sucre pour ma mère. J’ai hérité de ces tendances aussi, mais c’est la codépendance affective qui m’a menée chez CoDA car « j’aimais trop », sans le savoir ( mes parents aussi aiment trop) .

L’affection parentale se manifestait beaucoup sous forme matérielle ou par le contrôle, ce qui m’obligeait à être évitante ou en conformité pour survivre + bosser dur pour espérer un jour glaner un rare compliment. Je n’ai pas reçu de maltraitance physique, mais j’ ai vécu une forme d’abandon émotionnel, de silence angoissant. Je me demandais si on m’aimait ou si je méritais de l’être, si j’avais fait quelque chose de mal. Plus tard, je répétais ces schémas contrôlants et froids avec les autres, vu que c’était tout ce que j’avais appris , et à l’école , je n’ai guère appris mieux de la part de mes professeurs ( jugement, contrôle, peur, évitement). Encore honte et culpabilité , je voyais que j’étais en décalage .
Je ne reproche rien à mes parents cependant, car j’avais compris au cours de ces 20 dernières années de développement personnel qu’ils l’ont fait par répétition transgénérationnelle, comme ils l’avaient appris eux- mêmes de leurs parents.
Pendant ces trois ans d’odyssée du rétablissement passés chez CoDA, j’ai révélé petit à petit à moi-même tous ces petits conditionnements pervers qui m’avait façonnée au fil des ans, et qui m’ont amenée à croire que « cela ne valait pas la peine d’essayer parce que cela ne marcherait jamais », une phrase typique de mon père. Ce vide , je crois, a été la cause d’un mal-être diffus d’inadéquation, d’une insatisfaction chronique, d’une anxiété qui me faisait grincer les dents la nuit ( à en avoir des molaires en lambeaux) , me stresser, m’angoisser. Un besoin frénétique d’être utile et de réparer autrui aussi.
Cette musique de fond dont je n’avais pas conscience, était engrammée dans ma tête depuis la petite enfance.

Maintenant, grâce au Programme CoDA, j’ai trouvé un alignement avec moi, j’ai une relation aimante et soutenante avec moi, je peux compter sur la Puissance Supérieure que je vois comme à la fois l’Univers mais aussi un ensemble de forces aimantes et positives. Le Programme permet de pratiquer petit à petit , en y allant à son rythme.
J’ai compris que j’avais passé trop de décennies à courir après une approbation, une reconnaissance extérieure, une légitimité, alors que je ne me l’accordais pas à moi-même.
J’attendais que quelqu’un ou quelque relation extérieure me répare ou me donne envie d’entreprendre des choses, me donne une raison/ un alibi de m’y mettre, alors que je ne me connaissais pas moi-même. Je sais maintenant que c’est mon chemin d’être autonome émotionnellement , spirituellement et artistiquement.
Etre en couple avec soi, c’est déjà toute une découverte/ aventure passionnante, gratifiante. Chaque jour, je me lève et je sais que je vais apprendre quelque chose de nouveau dans le rétablissement. Je trouve que j’ai une chance folle. Etre en alignement avec soi, cette sensation n’a pas de prix.

La pratique du programme CoDA et l’inspiration et le soutien de mes camarades de fraternités m’ont permis de surmonter avec succès mes compulsions, mes addictions, car j’ai résolu la question des relations saines et aimantes avec les gens et les activités ( mes addictions secondaires) en ayant enfin une relation réelle et consciente avec Dieu.
J’ai le sentiment d’avoir accompli ce pour quoi je suis sur Terre, et je sens que j’avance enfin dans la vraie direction, celle qui me construit au lieu de m’embourber. La sobriété est devenu un concept fondamental également, synonyme d’équilibre et de mesure. Fini l’excitation, le drame, l’anxiété, l’adrénaline qui pulse pour pas grand-chose. De -10 +10, je suis passée à -1+1 en moyenne, ce qui me va très bien.
Je sais que le chemin est fait d’étapes, de pas que j’accomplis jour après jour, un moment à la fois, en posant des actes et en m’en remettant à ma Puissance Supérieure, qui est mon alliée, mon soutien et ma meilleure marraine.

Le Programme aide à voir les choses avec simplicité, philosophie, patience et humilité, force , sérénité, courage et espoir. Il donne des clés de compréhension face à des situations de paradoxe. Journaler m’aide aussi à poser des mots, à visualiser mes ressentis quand je ne sais pas trop ce que je ressens.
Savoir que d’autres sont passé.e.s par là avant et ont réussi m’ont donné force, courage et espoir dès le début chez CoDA.
Désormais, j’ose entreprendre des choses sans me dire que cela n’en vaut pas la peine, ou que cela ne marchera probablement jamais. Je ne ressens plus honte et culpabilité quand je fais ou ne fais pas quelque chose.
Je le fais pour moi et ma Puissance Supérieure, pas pour les autre. J’ose enfin créer artistiquement , alors que jadis, je procrastinais, j’allais vers des comportements compulsifs pour retarder ce moment de me confronter à ma nullité potentielle.
Je comprends mieux comment fonctionne la maladie et ses entourloupes. J’ai compris ma part de responsabilité dans mes malheurs et déceptions passées.
J’ai retrouvé une liberté et une sérénité que je ne connaissais pas avant, les Promesses de CoDA se réalisent petit à petit et je découvre maintenant qu’il est possible d’aller toujours plus loin dans la création de son futur.

Je ne me sens plus en vieillissement, en anormalité, je ne cours plus après des choses angoissantes ou inatteignables, je ne m’auto flagelle plus de ne pas y arriver, j’accepte que je ne sais pas tout, que le destin a ses raisons, que mon bien-être et ma paix intérieure sont plus important.e.s.
Je n’ai aucun regrets, je sais que le chemin s’est fait tel qu’il devait se faire même si j’aurais bien voulu connaitre CoDA avant!
J’ai de la gratitude envers la relation qui m’a menée à au niveau d’impuissance qui m’ont mené chez CoDA.
J’apprends à profiter de la vie. Je pensais que j’en profitais déjà pas mal, mais j’ai réalisé qu’en fait je me maintenais dans une zone de bonheur finalement assez limitée, alors que j’ai le temps, la compétence et l’argent pour profiter plus de la vie.
J’ai moins peur d’essayer et de tenter des » défis ». Je sais distinguer quand c’est un réflexe codépendant et ne pas rentrer dans la honte et la culpabilité.

Quand j’ai des doutes ou inquiétudes qui reviennent lors de nouvelles phases où je vais dans l’inconnu ( nouvelle activité ou projet, exposition au jugement), je fais ce qui m’a tant aidée: je remets cela à la Puissance Supérieure, je me dis que je vais y aller en posant un acte à la fois.
Lire la littérature ( les Etapes mais aussi les Traditions) et y penser aide à retrouver la raison, le sens de la mesure, à rester dans la présent.
Et en plus, je sais qu’ils viennent de programmations parentales qui n’ont plus de sens, car je suis adulte maintenant, j’ai ma propre jugeote et je sais où je vais objectivement.
Je remercie CoDA, le Programme, la fraternité, les membres pour tout ce que j’apprends depuis que j’ai démarré le programme. Des choses qui me paraissaient naguère impossibles sont devenues possibles et se sont même réalisées au delà de ce que mon esprit étriqué pensait.
Ma vie n’a jamais eu autant de saveur(s). Et dans mon rétablissement, j’ai entrainé aussi ma famille systémiquement, car j’ai retrouvé un positionnement sain dans mon système relationnel, je (me) pose des limites plus saines aussi.
Mes parents et mon frère sont moins codépendants également, chacun a une meilleure autonomie émotionnelle même si cela ne remplace pas de faire le programme.

Avant, je crois qu’en musique de fond, mon cerveau se disait » est-ce que cela en vaut la peine ? » , » vais-je perdre mon temps? » ou » et si cela ne marchait pas ? » , voire » que vont penser XYZ? » et cela tétanisait toute velléité d’acte créatif au sens large. Mon cerveau s’est reprogrammé, je pense moins aux échecs passés ( déficience remise à la Puissance Supérieure ) , j’arrive à visualiser le futur positivement.
Il y a deux questions qui m’inspirent désormais
« Jusqu’où peux-tu être heureuse et profiter de la vie?
« Si tu te donnais la permission de faire quelque chose, ce serait quoi ? »
H. Nov 2024
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