« Être chez CoDA m’a beaucoup appris sur mes schémas de contrôle. J’ai récemment réalisé que je ne pouvais m’empêcher de vouloir contrôler les émotions de tout le monde autour de moi. Et plus important encore, je me suis épuisée dans un schéma qui consistait à décider à la place de mes proches de ce qu’ils devaient penser ou ressentir.

J’ai été victime d’abus sexuel à l’âge de 10 ans. Ma famille a étouffé l’affaire parce que l’agresseur était mon frère. J’ai 30 ans aujourd’hui, mais je suis toujours fermement retranchée dans le rôle de victime. C’est à dire que je ne supporte pas que les membres de ma famille ne réagissent pas comme je le souhaiterais. Je ne peux les percevoir que comme décevants ou inconséquents lorsqu’ils ne répondent pas à mes attentes.
Même si j’estime que ma famille a été très loin d’avoir la bonne attitude quand il s’est agi de me soutenir émotionnellement, j’ai aussi fini par comprendre qu’il ne s’agit pas que de ma personne. Je sais que depuis longtemps, j’ignore le dialogue intérieur qui potentiellement se passe en eux. Je le rejette parce que je veux être en colère. Je veux rester dans la position de victime et voir tous mes proches comme des traîtres qui me laissent tomber. Je pense qu’il y a longtemps que j’ai décidé qu’en tant que victime, tout le monde devait me donner ce dont j’ai besoin – que cela leur plaise ou non.

CoDA m’a aidé à mieux accepter les combats intérieurs des autres. Les réunions CoDA me permettent de me rappeler que, même si je suis en difficulté, mes proches aussi mènent leurs propres combats dont je n’ai probablement pas idée. Ainsi, au lieu de réagir avec indignation lorsque les gens ne me répondent pas comme je le souhaite, je peux désormais faire un pas en arrière et prendre une inspiration, en me rappelant que même si le trauma m’est arrivé, la souffrance associée n’est pas seulement la mienne.
Ce n’est pas parce que ma famille ne ressent pas ce que je ressens que cela signifie qu’elle ne se bat pas autant que moi ou d’une manière différente. Avoir conscience que mes sentiments et pensées ne sont pas nécessairement ( les seules) « correctes » m’a permis de laisser tomber une partie de ma colère et de commencer à me comporter de manière plus rationnelle.

Aujourd’hui, je peux pleinement accepter que je ne sais pas lire dans les esprits et que mon intuition n’est pas toujours correcte. Je constate maintenant un réel changement, car avec la pratique ( du programme) et le soutien continu reçu en réunions, je commence à réagir de manière rationnelle plutôt que de réagir de manière impulsive. »
Laura – 07/06/16
Texte original issu de CoDA.org– Traduction CoDA France- Crédits Photos Pexels. Tous droits réservés
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