« Nous avons admis que nous étions impuissant.e.s face aux autres, et que nos vies étaient devenues ingérables. » —Première Etape
Quand j’ai lu la Première Etape, j’ai cru qu’il s’agissait simplement de renoncer — rendre les armes face à ce chaos que j’étais incapable d’enrayer. Cela revenait à brandir un drapeau blanc. Mais plus j’ai creusé, plus j’ai réalisé que ce n’était pas une faiblesse, mais une sagesse.
La Première Étape n’est pas seulement un aveu : c’est une boussole, un outil de diagnostic, une règle en or de gravité émotionnelle et spirituelle.

J’ai commencé à remarquer un schéma qui se répétait dans ma vie personnelle. Chaque fois que je me sentais anxieux, dans le ressentiment, épuisé ou amèrement confus, c’était parce que je cherchais à gérer quelque chose qui ne m’incombait pas de gérer : les choix, les humeurs, les réactions, la guérison, l’agenda ou les conséquences de quelqu’un d’autre
Finalement, j’en suis venu à « recogiter « la Première Etape. Pas seulement l’idée comme quoi « Je suis impuissant.e », mais aussi : « si ma vie est ingérable, c’est que j’essaie sans doute de contrôler quelque chose – ou quelqu’un – alors que ce n’est pas mon rôle ». Et c’est là que j’ai pigé le truc.
Les femmes que j’ai essayé de sauver
Ce schéma s’est répété dans presque toutes les relations amoureuses que j’ai pu avoir avant de me rétablir. J’étais attiré par des femmes en crise – qui luttent contre la dépendance, la maltraitance ou de profondes blessures émotionnelles. Je me voyais comme le guérisseur qui les comblerait d’amour jusqu’à ce qu’elles trouvent la plénitude. Mais derrière tout ceci se cachait une douloureuse vérité : j’étais incapable de m’aimer tant que je n’étais pas en train de sauver quelqu’un d’autre.

Comme il est dit dans la littérature CoDA :
« Nous nous sommes tellement focalisé.e.e.s sur les autres que nous nous sommes perdu.e.s de vue. » — Livre Bleu CoDA,
Ma vie était devenue un tourbillon de sauvetages émotionnels – et chaque fois que la relation s’écroulait, je sombrais dans l’auto-apitoiement et la confusion. La réalité ? Je n’étais ni bienveillant ni noble. J’étais contrôlant et accro au besoin de me sentir utile.

La Loi Spirituelle de la Première Etape
Finalement, j’en suis venu à considérer la Première Etape comme une sorte de loi spirituelle : si j’essaie de contrôler ce qui ne m’appartient pas, ma vie deviendra ingérable – et fort probablement malheureuse.
Ce n’est pas une punition. C’est juste la réalité – comme remonter une rivière à la nage, ou essayer de retenir la marée à mains nues. Et ce, dans tous les aspects de ma vie.
Quand je suis obsédé par ce que font ou ne font pas mes enfants ( qui sont adultes)…
Quand je ressasse les discussions que j’ai eues avec des gens qui m’ont causé du tort…
Quand je me laisse embarquer par le rétablissement d’autrui au lieu de m’occuper du mien… C’est là que je sais que j’ai franchi la limite…quand j’ai abandonné la sérénité de ma propre vie pour tenter de vivre celle de quelqu’un d’autre.
Comme me le rappelle CoDA : « Nous sommes chacun.e responsable de notre vie. Personne ne peut nous soustraire à notre responsabilité, ni assumer celle d’autrui. »
— Livre bleu CoDA

Le tournant vers la guérison
A présent, quand je me sens dépassé par les événements, je me pose et je m’interroge : « Qu’est-ce que j’essaie de contrôler qui ne m’appartient pas ? » Cette simple question m’a sorti d’un nombre incalculable de tourmentes.
En vérité, mon rétablissement a débuté non pas quand je suis devenu plus fort, mais quand j’ai gagné en clarté, quand j’ai cessé de m’escrimer à contrôler le monde et commencé à apprendre à me contrôler moi.

« Quand je lâche prise, je fais place à la sérénité. Quand je cesse de diriger les autres, je reviens à moi-même. »
C’est la promesse de la Première Étape.
C’est là que commence la clarté.
Et c’est là que pulse ma guérison.
Byrle S.
16/05/2025
Traduit de l’original publié sur coda.org– CoDA France 2025- Credit Photos Pexels

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