035- Recouvrer la raison

L’autre soir, j’ai vu un reportage sur les arnaques sur Internet  » à l’amour ».

Il y avait une femme qui avait conversé pendant 3 ans à distance avec une star nationale et perdu plein d’argent pour financer les préparatifs de leur mariage. Cela fait rire, n’est-ce pas ? Je me suis reconnu.e dans cette histoire. Parce que cela m’est arrivé à moi aussi.

Je pourrais blâmer à l’infini les banques, la police qui m a ri au nez, les mafias et leurs cyber-esclaves , l’IA, pour essayer de nier ma part de responsabilité. Tout le monde peut se faire entuber à un moment par un escroc en ligne, mais dans le cas des love scams, romance scams, arnaques à l’amour, brouteur et je ne sais quel terme douloureux , je sais que le problème vient de ma codépendance, de mon besoin maladif d’etre aimé.e…, ma peur d’être seul.e, .tout en étant évitant.e au possible ( d’où le besoin de relation virtuelle). Abyssal paradoxe.

J’aurais pu regarder dans la presse et voir noir sur blanc que cette  » fausse personne » était richissime et qu’elle n’avait nul besoin d’aller chercher les économies de quelqu’un comme moi dans mon bled paumé, anonyme gogo derrière mon ordi. J’ai choisi de ne pas voir, mais c’était un choix inconscient causé par la maladie qui me rongeait depuis longtemps, m’isolant de la raison, de la logique, des gens sains. Ma dépendance m’aliénait de tout.



Avec le programme CoDA, j’ai commencé à me regarder avec lucidité, à prendre ma part de responsabilité au lieu de me dédouaner , de blâmer X, Y, Z, tous ceux qui ne m’ont pas protégé.e de moi, qui auraient dû, qui auraient pu, etc .

J’ai entamé ma 4ème Etape et l’inventaire de mes comportements de codépendance, de déni, manque d’estime de moi, de conformité, d’évitement. Me regarder sans honte, en acceptant que la maladie a rendu ma vie ingérablement folle, ma volonté déchaînée à vivre un rêve illusoire qu’on m’a facturé au prix le plus indécent. Je vois tout le mal que je me suis fait et je comprends mieux pourquoi je l’ai fait. Je vois aussi les torts que j’ai causés aux autres.

Ce fichu évitement doublé de manque d’estime de moi qui m’a empêché de faire ce que tout être humain logiquement sain devrait faire ; vérifier, rencontrer l’autre en personne , poser des limites saines, dire non, regarder la réalité en face au lieu de la forcer à rentrer dans le moule de ma volonté folle, me barrer de cette relation virtuelle illusoire donc toxique, qui me servait de drogue, de paravent facile, d’anesthésiant.



Me pardonner, continuer à avancer pas à pas, jour après jour, 24H à la fois. Au moins, la maladie m’a permis de comprendre ce qui s’était passé, quels ressorts obscurs m’avaient embarqué danx ce cauchemar. La maladie n’est pas une excuse, c’est une explication. Savoir que j’ai une piste de rétablissement en travaillant ma codépendance , en acquérant une autonomie émotionnelle concrète, me redonne espoir et foi en moi , en les autres et en Dieu, un jour à la fois.

Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que « cela peut arriver à tout le monde », parce que cela arrive aux codépendant.e.s en particulier et je ne veux pas qu’on me dérobe ma part de responsabilité dans mon malheur ( ou mon bonheur) . Car je suis responsable de mes choix, les bons et les mauvais. L’emprise incroyable que j’ai vécue correspond à une tendance de fond que je n’avais pas perçue et qui remonte à loin.



Maintenant, je fais le choix de recouvrer la raison.

Chez CoDA, je rencontre des codépendant.e.s qui ne jugent pas, qui ne se posent pas en victimes non plus, qui explorent ce que le rétablissement de la codépendance, qui partagent force, espoir, courage et expérience. On me dit  » Courage » et cela me suffit.

Nous étudions les Etapes et les comportements de codépendance / rétablissement. Nous avançons à notre rythme en guérissant de la honte et de la culpabilité. Je me sens en sécurité, de partager, de progresser. J’ai trouvé quelqu »un de fiable avec qui bâtir une relation saine,: la Puissance Supérieure et MOI pour commencer.

Je voudrais partager mon expérience pour que les nombreuses victimes sachent qu’il y a un chemin contre la solitude, et ce n’est pas celui de s’évader dans des chimères virtuelles de dépendance affective et d’évitement.

Merci CoDA

Sur la voie du rétab, un jour à la fois.

Anonyme. Fev.2025


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