014- Ce qui m’a pris tant de temps

Vivre juste pour aujourd’hui, dans le moment présent, 24h par 24h, heure par heure, voilà un marqueur du rétablissement. Voici le témoignage d’un autre membre de CoDA.

Ce qui m’a pris tant de temps

« J’ai commencé à réaliser combien je vivais ma vie pour les autres.« 

« Même si j’ai toujours eu tout ce qu’un enfant pouvait désirer et nécessiter, je ne me suis jamais senti aimée par mes parents. J’avais toujours l’impression d’être sur la brèche. Désirant si désespérément être aimée, je me suis mariée à 18 ans et je suis restée dans ce mariage bien au-delà de sa date d’expiration. Des décennies d’incompatibilité avaient fait de nous un couple toxique. Bien sûr, je ne comprenais pas ces sentiments-là à l’époque. Ce n’est que récemment que c’est devenu clair pour moi.

Vers octobre 2019, j’ai eu un déclic. Tard dans la nuit, j’étais assise seule, au calme, lorsqu’une subtile vague de souvenirs m’a submergée. Ce n’était pas que des souvenirs, je revivais des moments clés de ma vie. J’ai compris mes expériences passées et les actions que j’ai réalisées avec clarté et émerveillement. C’était comme regarder un film sur ma vie. Je n’avais aucun sentiment de peur et je ne me sentais pas non plus mal à l’aise. Je me sentais en sécurité, sereine et comblée. Mais qu’est-ce que tout cela voulait dire?

Alors que j’essayais de faire part de cette expérience à mon mari, ce dernier m’a rapidement interrompue , refusant d’écouter. Il laissa entendre que c’était le diable qui essayait de me prendre. Sérieusement, le diable ?! Des sensations de rabaissement et de rejet m’ont de nouveau consumée. En quête de validation, j’ai alors partagé mon expérience avec quelques amis. Leur réponse fut tantôt négative, tantôt indifférente. Ce qui m’était arrivé n’ intéressait personne.

J’ai commencé à réaliser combien je vivais ma vie pour les autres. Accorder toujours de l’importance à mon mari, à mes enfants ou aux invité.e.s. Incapable d’être moi-même, je me recroquevillais en présence des autres. Plus j’essayais de comprendre mon mariage, plus je ressentais de la pression. Plus je ressentais de pression, plus je devenais anxieuse.

Je ne voulais pas divorcer même si nous étions toxiques quand nous étions ensemble. Ne voulant pas faire face à la défaite, je m’étais transformée pour devenir la personne que je pensais que mon mari voulait que je sois. J’ai essayé de maintenir le cap, mais je ne pouvais plus vivre dans le mensonge. Je ne pouvais plus vivre avec le masque de la personne que je faisais semblant d’être. Cela me rendait malade.

Au cours de l’année 2021, mon mari a complètement arrêté de me parler. Tout ce que j’avais désormais, c’était des oui/non ou des échanges utilitaires. Chaque jour était pire que la veille. À moins que nous soyons en public, j’ai vécu ainsi pendant trois ans sans conversation, contact ou affection. J’ai supplié pour obtenir une explication. J’ai suggéré que nous parlions à un professionnel. Tout ce que je tentais se heurtait à encore plus de mutisme.

Cela ne ressemblait plus guère à une vie. Cette anxiété m’a rendue folle. J’ai commencé à faire des choses outrageuses, juste pour qu’il le remarque. Ce que j’eus en retour, ce fut une trahison: il se tourna vers ses amis pour chercher réconfort et consolation. Il se débarrassa de moi bien avant que les tribunaux ne le fassent. Nous avons divorcé en avril 2024 après 47 ans de vie de commune.

J’ai 66 ans et je suis seule. Je n’ai jamais été seule. C’est une vie vide. Je déteste être si seule. C’est vraiment difficile pour moi de penser à demain.

Dieu merci, j’ai trouvé CoDA. Certains jours, c’est tout ce que j’ai à quoi me raccrocher. Si j’arrive à tenir juste pour aujourd’hui, cela me suffit. »

Cathy, T. 26/03/2024

Traduction par CoDA France de l’original , 2024 sur CoDA. org

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