Il arrive parfois que je doive laisser une personne sortir de ma vie, non pas parce que c’est une mauvaise personne, mais parce que je ne peux m’empêcher d’activer mes mécanismes » codépendants quand je suis avec elle .

Jadis, j’étais ami avec une personne que je connaissais depuis plus de vingt ans. Nous avions une longue histoire d’expériences partagées, de confiance. Nous étions proches – enfin, c’était ce que je croyais. Je lui avais proposé par deux fois d’être ma petite amie. Elle avait refusé à chaque fois, et j’avais respecté son choix.
Je ne lui avais pas mis la pression, et je n’aurais pas posé la question à nouveau, si son comportement ne m’avait pas laissé quelque peu dans la confusion. En effet, chaque fois que nous sortions quelque part, elle me traitait comme un petit ami, et j’étais toujours le seul à tout payer. Toujours.

Après une sortie particulièrement onéreuse, j’ai pris mon courage à deux mains et lui ai demandé de nouveau, s’il existait l’éventualité d’une relation amoureuse entre nous. Face à son nouveau refus, je lui ai alors dit qu’ à l’avenir, je souhaitais désormais être traité comme n’importe quel ami : nous paierions chacun.e notre part au cours de nos voyages et activités. Elle a acquiescé.
Mais quand il s’est agi de le faire, ce ne fut plus la même chose. Elle arrêta de vouloir faire quoi que ce soit qui puisse coûter un tant soit peu , même si elle était à demi-millionnaire. Son idée d’un repas à l’extérieur devint un déjeuner en cantine solidaire. Si nous allions dans un endroit avec un peu d’allure, je finissais par payer l’addition quand même. Une fois, je n’ai rien commandé pour éviter de payer à nouveau. Elle a quand même réussi à me manipuler pour que je lui paie son sandwich.

Le point de rupture est survenu lors d’une retraite de week-end, un séjour que j’avais financé – une fois de plus – pour elle et deux de ses copines. Au cours de la retraite, je me suis senti abandonné émotionnellement. Elle a pris ma voiture et a disparu pendant des heures pour chiner dans des vide-greniers.
Alors que nous rentrions chez nous (après la retraite), une de ses amies et moi avons eu un conflit. Mon « amie » de longue date non seulement m’a ignoré, mais s’est ruée auprès de sa copine pour la consoler, faisant comme si je n’existais pas. C’est là que j’ ai eu un déclic .
Il ne s’agissait pas seulement de ce week-end-là, j’ai soudain perçu les 20 dernières années sous un jour nouveau. Tous ces moments de générosité, à être celui qui assure, celui qui porte secours… Je me suis senti utilisé, abandonné, émotionnellement invisible.

Après avoir mûrement réfléchi à la question, j’ai pris une décision difficile mais nécessaire : mettre fin à cette relation. Avec le recul, je reconnais que j’ai eu énormément de mal à définir et à mettre en application des limites saines avec cette personne .
Je ne sais pas pourquoi elle a eu un tel pouvoir sur moi. A vrai dire, j’ai arrêté de chercher à comprendre. J’ai pris conscience de quelque chose de bien plus important :
Ce que je ressens pour moi-même dans une relation est bien plus important que ce que je ressens pour l’autre personne, ou ce qu’elle ressent pour moi.
Cette prise de conscience a été un tournant.
Oui, j’avais du mal à poser des limites saines dans cette relation, mais j’ai aussi appris quelque chose de fondamental : c’est OK d’éviter les gens qui déclenchent constamment mon besoin de poser et de faire respecter des limites que moi-même j’ai déjà du mal à respecter. Ce n’est pas un échec — c’est me respecter .

Comme il est dit dans la littérature CoDA, « Nous développons et entretenons des relations saines, d’abord avec nous-mêmes, puis avec les autres. » Ceci veut dire que ma sérénité et ma sécurité passent en premier. Cela signifie que je dois savoir identifier quand une dynamique m’entraîne de façon répétée dans le ressentiment, l’obligation ou la souffrance silencieuse, si je veux être en mesure d’avoir le choix de faire un pas de côté.
Une autre citation CoDA me le rappelle : « Je n’ai pas à accepter un comportement inacceptable. Je peux faire des choix et prendre la responsabilité d’assurer mon bien-être personnel. »
CoDA m’enseigne que je suis responsable de mon propre bien-être. Parfois, cela implique de m’éloigner de personnes qui comptent pour moi. Cela ne signifie pas que je les hais ou qu’elles sont horribles. Cela signifie juste que je choisis la paix versus la confusion. Je choisis l’intégrité versus la complaisance complice.
Je me choisis moi.
Et comme l’affirme CoDA : « Je suis un être humain précieux et digne. Je mérite l’amour, le respect et d’être traité avec dignité. »
Byrle S.
16/05/2025
Traduit de l‘original publié sur coda.org par CoDA France- 2025- Crédit photos Pexels


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