Avant CoDA, j’étais remplie de rage. Je ne savais même pas ce qu’était la rage avant. Je savais que j’étais en colère. Je savais que j’étais pleine de ressentiment. Je savais que j’avais peur, mais j’ignorais que tout cela engendrait la rage.

J’ai grandi dans un foyer empli de rage. Mon père explosait de colère à s’en mordre les poings. De temps en temps, il arrivait que ses poings en viennent à « mordre » quelqu’un qui avait eu le malheur de se retrouver en travers de son chemin. Enfant, j’ai entendu bien des histoires et j’ai même été témoin de quelques-unes de ces altercations physiques . Il n’a jamais frappé ses enfants, mais la peur de ses explosions de rage et qu’un passant en soit victime était en permanence palpable.
Au bout d’un certain temps dans le programme, j’ai appris cette définition de la rage et j’ai réalisé qu’ à un certain degré , je rejouais moi aussi , à ma manière, ce mécanisme d’adaptation malsain . J’avais une rage silencieuse mais bouillonnante. J’avais des comportements de type passif-agressif. Je mentais, je manipulais. J’exerçais mes représailles par des mots blessants et des regards méprisants. Je jugeais et désapprouvais les autres avec rage.

Je ne comprenais pas pourquoi j’avais ce dialogue qui tournait en boucle dans la tête à propos de toutes les raisons pour lesquelles j’étais en colère contre mon mari. Je vivais en lui hurlant dessus en mon for intérieur. A l’époque, je n’avais pas encore entendu parler des « fous CoDA ».
Vu de l’extérieur, j’étais en comportement de conformité, par peur d’être rejetée ou abandonnée. J’ai commencé à prendre conscience de quoi ça avait l’air, vu de l’extérieur, de minimiser, nier ou déguiser mes sentiments.
J’ai compris que la codépendance , c’est de l’ abandon chronique de soi-même.

A force d’y revenir, j’ai commencé à comprendre comment mettre en pratique ma 4ème Etape et que j’avais le choix. Je n’avais plus besoin de recourir à ces « mécanismes d’adaptation » dysfonctionnels observés et pratiqués dans l’enfance.
Il m’a fallu avoir le courage de changer, de faire de nouveaux choix.
Aujourd’hui, je suis plus en phase avec mes besoins, mes sentiments et mes envies. Parfois, je suis très mal à l’aise quand je fais mon examen de conscience et que j’ai l’impression de ne pas être encore assez forte, ni assez sûre de mes choix.

Heureusement, j’ai un programme. J’ai des ami.e.s CoDA vers qui me tourner. J’ai des gens en qui je peux avoir confiance.
Certains jours, je me balade encore avec les « fous CoDA » qui me bourdonnent autour, tels un essaim d’abeilles, mais finalement, j’ai conscience que je suis impuissante dans le contrôle de mes pensées malsaines. Je demande à ma Puissance Supérieure de me donner de la force et de me guider.
J’ai maintenant commencé à développer une certaine intimité dans ma relation avec mon mari. Nous partageons nos sentiments et ressentis lorsque l’un de nous a blessé l’autre. J’ai appris à écouter et à me demander si je dois faire amende honorable.
C’est encore dur, je prends peur encore souvent , mais j’ai maintenant la preuve concrète que je peux changer et que mes relations aussi. Cela me donne justement assez de force et de courage pour accepter ma vulnérabilité, pour demander de l’aide, pour honorer ma colère et essayer de procéder différemment.

J’espère qu’un jour je pourrai regarder en arrière et voir à quel point ce programme aura eu un impact positif sur mon fils. J’espère le voir utiliser les outils du rétablissement (du programme) sans même s’en rendre compte, car il aura été témoin d’autres façons plus saines de faire. Pour le moment, je vais juste confier cela à ma Puissance Supérieure , car je pourrais devenir folle à force d’ y penser, et je préfère que ma tranquillité d’esprit passe en premier.
Catherine, codépendante
11/10/2024
Texte original sur Coda.org- Traduit par CoDA France- Credit Photos Pexels

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