003-Une histoire de Traditions

Pourquoi le travail des Traditions CoDA est-il aussi crucial que celui des Etapes CoDA pour un rétablissement durable et des réunions saines ? Comment vous individuellement et votre groupe de réunion abordez les Traditions et vous y formez ? Les Traditions sont au groupe ce que les Etapes sont à l’individu . Témoignage d’une membre de CoDA.

Une histoire de Traditions

 » J‘ai développé un amour profond pour ces Traditions. Elles sont devenues aussi importantes pour mon rétablissement que les Etapes.« 

« Parfois, je prends peur. En voici un exemple récent. Il y a peu, j’ai lu un article sur l’importance d’avoir une « conscience de groupe éclairée ». J’ai alors réfléchi à mon expérience passée avec les Traditions chez CoDA.

Mon groupe de réunion actuel est né de nos expériences personnelles. J’ai partagé ma force et mon espoir en ce qui concernait les Étapes et mon propre rétablissement, mais j’ai réalisé que je ne partageais pas ma force et mon espoir en ce qui concernait les Traditions.

Il y a de cela 2-3 ans ans, on m’avait diagnostiqué un « syndrome de stress post-traumatique ». J’ai grandi dans un système familial dysfonctionnel où la rage et la violence étaient la norme. Mon enfance s’en est trouvé marquée par une peur chronique. Toute une cohorte de situations mettant ma vie en danger a fait partie intégrante de mon enfance.

J’y ai survécu en me dissociant, puis, pour échapper à ma famille d’origine, je suis tombée enceinte et je me suis mariée très jeune. Je sais maintenant que j’ai inconsciemment recréé le modèle de mon enfance dans mon mariage. J’ai continué à reproduire ces schémas d’enfance dans mon mariage. Je suis restée coincée dans ce mariage pendant dix-sept ans, vivotant de crise en crise, de situation potentiellement mortelle en situation potentiellement mortelle.

Petit à petit, au fil des années, j’ai réalisé que mon âme était en train de mourir. À chaque crise, je remarquais que je ne me souciais même pas de savoir si ma vie allait connaître une fin violente. Tout semblait mieux que de continuer à survivre comme je survivais. J’ai touché le fond au cours de ma dix-septième année de mariage et j’ai alors cherché à aller chez CoDA.

Au cours de mes premiers mois en rétablissement, c’est dans dans la communion fraternelle que j’ai trouvé la force dont j’avais besoin pour mettre fin à ce mariage destructeur. Au cours de cette première année en rétablissement, j’ai commencé à chercher une nouvelle relation de couple. Cette fois, mes schémas de codépendance se sont manifestés de manière plus subtile. J’ai de nouveau choisi un partenaire qui n’était pas sain pour moi.
Cette fois, j’avais choisi quelqu’un qui était actif dans la dépendance sexuelle. Je
me suis de nouveau exposée à des situations qui mettaient ma vie en danger , qui mettaient en danger ma santé…. car m’exposant au risque de maladies. Ce fut une relation de courte durée et je remercie mon programme et la Fraternité pour m’avoir aidée à mettre fin à une autre relation destructrice beaucoup plus rapidement cette fois-ci.

C’est après la fin de cette relation que je me suis retrouvée seule pour la première fois de ma vie. J’ai découvert lors de mon rétablissement qu’une grande douleur précède toujours une grande croissance. C’est durant cette période douloureuse de ma vie que la guérison a véritablement commencé pour moi. J’ai commencé à avoir des rêves lucides sur mon enfance.
Des souvenirs d’enfance enfouis depuis si longtemps ont commencé à refaire surface à travers mes rêves, puis à travers des flashbacks déclenchés par des sons, des odeurs, des situations de la vie quotidienne.

C’est durant cette période difficile que j’ai pu m’appuyer sur mon programme. J’avais beaucoup entendu parler de volonté au cours de ces premiers mois. La volonté de tout mettre en œuvre pour progresser, s’améliorer. J’ai pu compter sur mon programme, ma Puissance Supérieure et l’esprit de solidarité au sein de la Fraternité pour m’aider à traverser cette période difficile.

Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait et je pensais que j’étais en train de devenir folle. Les émotions et sentiments lié.e.s à ces flashbacks et à ces rêves étaient bouleversant.e.s pour moi. Je ne peux les décrire qu’avec un seul mot: « terreur ». J’ai cherché une thérapie et on m’a diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique. Pour aller mieux, j’ai dû revivre les traumatismes de mon passé avec un.e thérapeute, m’autoriser à ressentir les sentiments/émotions que je ne m’étais pas permis de vivre en tant qu’enfant et jeune adulte, pour commencer à guérir.

J’ai pu beaucoup compter sur mon groupe de réunion de l’époque pendant cette période douloureuse de ma vie. Ils/ Elles sont vraiment devenu.e.s ma famille. Chaque membre a joué un rôle en devenant un substitut aux vides de ma propre famille biologique. À différents moments, les membres m’ont montré l’exemple de relations saines en assumant les rôles de mère, de père, de sœurs, de frères et d’ami.e.s alors que je commençais à guérir. Chaque membre a joué un rôle déterminant dans mon cheminement vers la guérison.

C’est vers la fin de cette période douloureuse que la dynamique de mon groupe d’appartenance a commencé à changer. À mesure que des membres d’autres
groupes CoDA se sont mis à fréquenter mon groupe d’appartenance, l’atmosphère s’est altérée. Des luttes de pouvoir et des cliques ont commencé à surgir. L’unité de notre groupe a commencé à se détériorer. Le concept de principes sur les personnalités* a été perdu. J’ai vu ce qui fut autrefois un environnement sûr et stimulant se transformer en une atmosphère malsaine et toxique.

Le programme nous a fait aborder le problème lors d’une conscience de groupe ( NB- vote en réunion). Personne n’a jamais dit que c’était un programme facile. Ce voyage a été pour moi un défi constant, du courage et un travail acharné. La lutte contre les violations des Traditions dans mon groupe d’appartenance a eu de nombreuses conséquences . Alors que des membres commençaient à abandonner ce groupe, j’ai dû faire face à la réalité : les fondations de ce groupe s’effondraient et mettaient en péril mon propre rétablissement. J’avais besoin de m’éloigner du groupe. Le groupe est devenu inactif peu de temps après. La seule autre réunion CoDA disponible dans cette région a également commencé à se détériorer et mourir.

Je me suis retrouvée sans mon système de soutien. J’ai dû me rappeler ce que j’avais appris : une grande douleur précède une grande croissance. Je cherchais des réponses à ce qui était arrivé à notre groupe. J’ai réalisé que je devais étudier les Traditions et y chercher les réponses.

Je me suis tournée vers les racines du programme, là où tout a commencé: chez les AA. J’ai lu ce qui était disponible dans le programme AA. « Les AA deviennent adultes », « Les Douze Etapes et les Douze Traditions », « Transmets-le » et « Dr. Bob et les pionniers », sont des livres qui m’ont aidée à comprendre l’importance des Traditions. J’ai été étonnée d’apprendre à quel point j’étais mal informée. Cette expérience s’est avérée l’un de ces « éveils spirituels » qui sont venus recompenser mon rétablissement. J’ai développé un amour profond pour ces Traditions. Elles sont devenues aussi importantes dans mon rétablissement que les Etapes.


Mon petit groupe actuel est né de cette expérience avec les Traditions. Notre groupe espérait mieux s’informer sur les Traditions afin d’assurer la sécurité de notre réunion. Il a été convenu que nous consacrerions une réunion par mois à
l’étude d’une Tradition. Récemment, lorsque je suis tombée sur cet article sur
les Traditions, j’ai examiné mon propre comportement. En repensant à
mon histoire d’un an et demi avec cette réunion, je me rends compte que je
n’ai pas été assez responsable en partageant mon expérience, ma force et
mon espoir au sujet des Traditions. Il y a encore beaucoup de peur qui
surgit en moi du fait de ces expériences-là. Une partie du processus pour moi a
consisté à apprendre que j’avais des choix à faire. La prise de conscience, l’acceptation, l’action et la responsabilité sont devenues les principes directeurs de mon rétablissement.


Il n’est plus acceptable pour moi de me dire que les violations des Traditions ne m’affectent pas, ni mon groupe, ni CoDA dans son ensemble. Même s’il
serait plus facile et plus sûr d’ignorer ces violations et de me dire que cela
ne m’affecte pas, j’ai la responsabilité envers moi-même, envers mon groupe, ma région, mon Etat ( des USA) et la fraternité dans son ensemble de trouver le courage de remédier aux violations des Traditions. au fur et à mesure qu’elles se produisent. J’ai fini par comprendre ce que cela signifie, comme le dit notre Gros Livre, qu’il est de la responsabilité de chaque membre de remédier aux violations des Traditions. Chaque violation de Tradition, aussi
minime soit-elle, provoque une fissure dans les fondations et, si elle n’est pas réparée, nous affaiblit tous.


CoDA m’a sauvé la vie. Si je n’avais pas trouvé sur mon chemin CoDA au moment où j’en avais besoin, je ne suis pas sure que je serais encore en vie aujourd’hui. Je n’ai plus besoin de rester coincée dans mon schéma de victimisation. J’aime ce que dit la littérature CoDA sur les Promesses : « Elles se réalisent parfois rapidement, parfois lentement. Elles se matérialiseront toujours si nous travaillons pour . »
Le rétablissement est un travail difficile, mais bon nombre des Promesses se sont réalisées dans ma vie. Je sais que si je continue à travailler dur, je peux espérer recevoir de nombreux autres cadeaux du rétablissement. Il n’est pas toujours facile de faire les bons choix, mais j’ai appris que je ne peux plus choisir la solution de facilité dans mon rétablissement tout en espérant continuer à grandir.

Je sais aussi qu’avec tout ce que j’ai reçu dans ce programme, j’ai la
responsabilité de redonner. Alors que je recherche la volonté de Dieu pour moi et un but dans ma vie, je me rends compte que redonner ne serait-ce qu’une fraction de ce que j’ai reçu donnera un plus grand sens à ma vie. Il y a quelques années , j’ai assisté à une réunion de conférenciers au club local des AA. Au-dessus de l’estrade, j’ai aperçu un slogan qui m’est resté en mémoire : « Je suis responsable. Quand quelqu’un, n’importe où, tend la main aux AA, je veux que la main des AA soit là. J’en suis responsable. »

Je ne peux pas rester responsable tout en ignorant les violations des Traditions. J’ai vécu le vide dans ma vie lorsqu’une réunion saine et sécure n’était plus disponible. Je veux que CoDA grandisse et soit disponible pour tous ceux et toutes celles qui viennent à nous. J’ai la responsabilité de partager mon expérience, ma force et mon espoir concernant ces Traditions. Afin de garantir que CoDA se renforce et se développe, je dois mettre en pratique ces principes dans tous les domaines de ma vie. J’espère qu’en partageant mon expérience avec les Traditions, j’ai fait un pas dans cette direction. »

Tamera C. (2008)

NB- * » Les questions de prestige et de personnalité ne doivent jamais primer sur l’unité et le bien-être des CoDA dans leur ensemble »

Traduction CoDA France du texte original publié sur CoDA.org

Vous êtes membre CoDA France et avez envie de partager une expérience des Traditions dans votre rétablissement chez CoDA? Envoyez-nous votre histoire ( anonyme, non identifiable, non nominative, pas d’inventaire d’autrui, 3500 mots max) . Elle sera publiée de façon anonyme dans ce blogue. Bonnes 24h.

CoDA France est une association affiliée à CoDA International.

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